Le langage vs la langue
[En réponse à ce que Michel écrit ICI.]
Si le langage n’est pas une dimension de l’existence humaine comme les autres, s’il structure notre rapport au monde, cela signifie que nous ne devons pas le confondre avec l’exercice et la maîtrise de la langue. Les activités de l’ingénieur et du commerçant sont aussi des activités de langage, reposant sur ce que Chomsky désigne comme la ‘grammaire universelle’.
Hors de question de nous hisser à une position de maîtrise du langage (qui au contraire nous structure). Et s’il paraît possible, en revanche, de désigner certains objets comme procédant (dans leur fabrication autant que par leurs effets (ou leurs applications)) d’une 'assomption jubilatoire' proprement miraculeuse de la grammaire universelle, ces objets seront la bicyclette, la lessiveuse, l’avion, aussi bien que tel grand texte littéraire.
Autrement dit
(a) le langage n’est pas plus présent ni plus puissant dans la Divine comédie que dans un moulin à vent;
(b) le pouvoir du langage ne devient pas davantage le pouvoir (ou la vertu) de qui manipule la langue en professionnel (ou en virtuose), que le pouvoir (ou la vertu) de qui dessine les plans d'un nouveau moteur ou d'un pont suspendu.