Georgia on My Mind

Publié le par Christian Jacomino

Je vais traîner à la bibliothèque Louis Nucéra quand je suis un peu malade, et hier c'était le cas, une crève que j'ai chopée à la fête du département, où je vous ai dit que j'étais un peu hébété, et dont je ne me remets pas depuis. Je vais donc feuilleter des revues, bien installé dans les grands fautueils qui sont au fond de la salle, éclairés par une sorte de verrière, on se croirait à Paris, en reluquant par dessus le livre que je lis les longues tables en enfilade où les lycéens et les étudiants remplissent des pages et des pages de mémoires, ils ne plaisantent pas, il me semble qu'en 1970 nous étions beaucoup moins sérieux. Et hier le hasard m'a fait lire, dans la dernière livraison de L'Homme, un article étonnant de Bernard Lortat-Jacob à propos de la Georgia que chante Ray Charles. Tout serait à citer dans cette étude et j'étais trop fatigué pour faire des photocopies, mais l'essentiel tient en ce que la chanson, contrairement à ce que l'on imagine le plus souvent, contrairement à ce que j'imaginais moi-même, n'a pas été composée par le genius, ni sur mesure pour lui, non elle existait déjà, elle est l'oeuvre d'un certain Hoagy Carmichael (1899-1981) qui n'était pas un inconnu, qui l'avait déjà enregistrée, si bien que l'étude porte sur le processus magique par lequel le genius s'en empare, se l'approprie boddy and soul, en même temps qu'il l'a restitue ou la lègue en quelque sorte à l'état de Georgie qui en fait son hymne national, ce qui est tout de même un sacré succès pour une chanson [à propos de l'utilisation qui en est faite par notre équipe de football à l'occasion du Mondial, je songeais il y a peu que la Douce France de Charles Trenet offrirait une alternative très crédible à la Marseillaise]. B. Lortat-Jacob intitule son article L'image musicale du souvenir, et il ajoute en soutitre Georgia on My Mind de Ray Charles.

Deux idées importantes qui étaient (selon moi) au coeur des échanges que j'ai eus avec Patrick Rebollar sur le site de François Bon ces derniers jours:

1/ La question d'autorité: Ray Charles n'est pas d'abord l'auteur de la chanson, il le devient, ce n'est pas en l'ayant écrite mais en lui donnant corps;

2/ La question de l'argent: L'article raconte très bien comment l'enregistrement de Georgia par Ray s'inscrit dans une stratégie concurrentielle où il s'agit de faire du Sinatra sans Sinatra, et quand Ray évoque la chanson dans ses mémoires ce n'est pas sans insister lourdement sur le fait qu'elle lui a fait gagner beaucoup d'argent.

Enfin, j'étais bien content, en allumant l'ordinateur ce matin pour me mettre au travail, de trouver le commentaire ajouté par Patrick à mon article d'hier. Salutations.

Publié dans Musique

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