Faisons du lobbing

Publié le par Christian Jacomino

Beaucoup d'observateurs remarquent des convergences dans les programmes annoncés par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Au lieu de nous en plaindre, nous devrions essayer d'en profiter pour faire avancer quelques idées concernant la réforme du système éducatif. Par exemple, nous devrions leur demander à l'un et à l'autre s'ils sont d'accord pour considérer que les établissements scolaires doivent acquérir davantage d'autonomie.

S'ils pouvaient s'engager sur ce point (et sur d'autres) avant l'élection présidentielle, il serait beaucoup plus facile ensuite à celle ou celui qui remportera cette élection de faire passer la réforme.

Publié dans Libéralisme

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J
Je ne suis un spécialiste ni du monde du travail ni de l\\\'université. Je crois profondément, par contre, que ce que l\\\'on nous présente comme des accidents (économie, société, et même souvent phénomènes naturels) sont structurels à la société. L\\\'économie de marché est directement responsable de la dégradation de la planète (et je ne suis même pas écologiste en plus!) et de la pauvreté absolue d\\\'une grande partie de l\\\'humanité.<br /> <br /> Mais ça nous mène un peu loin de la première question,<br /> \\\"l\\\'idée selon laquelle un jugement droit et résolu devait se cultiver en dehors du monde du travail\\\"<br /> Alors (très) rapidement, la notion de \\\"monde du travail\\\" et celle de \\\"marché\\\" est récente, celle de \\\"pensée\\\" me semble plus ancienne. Pour entrer dans le \\\"monde du travail\\\", l\\\'école ne sert pas à grand chose, sinon à inculquer la soumission et l\\\'opportunisme (rebaptisé \\\"opportunité\\\" ce qui est plus joli). Avoir une pensée plus ou moins personnelle n\\\'est ni rentable ni même conseillé.<br /> <br /> Sinon (et sans polémique), je ne comprends pas de quelle réforme vous parlez (je débarque un peu ici:) )
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J
Jacques, Je crois deviner que nous sommes de la même génération, et que nos parcours sont assez semblables. Mais par quel prodige, dites-moi, a-t-on réussi à nous inculquer aussi profondément l'idée selon laquelle un jugement droit et résolu devait se cultiver en dehors du monde du travail, en dehors du marché?<br /> Pensez-vous vraiment que ce que nous avons vu, vous et moi, depuis 35 ans dans les Ecoles Normales puis les IUFM, voire même à l'université, soit mieux sur le plan moral que ce qui a pu se pratiquer dans le monde du travail?<br /> Voici 35 ans que je travaille dans un milieu où il est admis - posé - revendiqué - que celui qui est favorable à la réforme n'a pas le droit de s'exprimer. La droite y a consenti au même titre que la gauche. Mais qui en a profité?
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J
"l'institution scolaire, censée préparer chacun à l'entrée dans le monde du travail"<br /> là aussi j'ai envie d'un grain de sel différent (n'y voyez pas d'animosité, baptiste! :) )<br /> Vous avez sans doute (malheureusement) raison, mais j'ai longtemps cru, et voudrais croire encore, que le but premier de l'école était de permettre à chacun d'acquérir la possibilité de construire son jugement et d'exercer sa réflexion et son libre arbitre, avant même de se poser des questions d'orientation professionelle<br /> <br /> je me fais l'effet d'un vieil utopiste (ou d'un "nanti". Les gosses disent "intello" maintenant, et c'est devenu une insulte)
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B
on peut difficilement imaginer une autonomisation des établissements sans une modification parallèle des statuts, des fonctions, des formations et surtout du recrutement des principaux et directeurs. Il me semble qu'il est temps que l'institution scolaire, censée préparer chacun à l'entrée dans le monde du travail, n'emploie pas uniquement des gens recrutés de manière totalement différente du reste des travailleurs. Un professeur et un principal ne sont pas confrontés à un entretien d'embauche mais à des oraux de concours, dont je suis bien placé pour dire qu'ils n'ont rien de commun. Un principal appelé à avoir une vrai fonction de manager doit être recruté et formé comme un manager. Un principal appelé à embaucher, ne serait-ce qu'au sein d'une commission controlant son travail, doit avoir lui-même l'expérience d'un recrutement individuel, où la personnalité est prise en compte, la capacité à communiquer, à faciliter le travail d'une équipe, à dynamiser un établissement, à servir un projet pédagogique, à ne pas saper le moral de ses troupes... Comme un autre manager il doit pouvoir être écarté si son travail de manager ne convainc pas une instance supérieure, ne porte pas ses fruits, ne correspond pas à son contrat et à la charte éducative, par exemple, qu'il a signés...On peut très bien envisager que des représentants des enseignants aient eux-mêmes leur mot à dire dans le recrutement et le contrôle du chef d'établissement (c'est le cas dans de nombreux établissements privés sous contrat!!!)<br />  <br /> voir mon blog : strani.over-blog.com
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J
Cette histoire ne me paraît pas dérisoire du tout. Des témoignages comme comme celui que vous nous apportez me paraissent au contraire de la plus haute importance. Nous avons passé des décennies sans oser dire ce genre de chose, et au bout de ma carrière je suis heureux de voir enfin les bouches s'ouvrir. Je ne suis pas sûr d'en tirer la même conclusion que vous. Mais cela n'est pas important. L'important est de ne plus accepter d'être réduits au silence par une machine bureaucratique. Moi, la leçon que je tire de votre histoire, c'est que la démocratie ne va pas sans être cultivée au jour le jour, de façon patiente et résolue. Posons que les établissements soient autonomes, et jouons le jeu de conseils d'établissements véritablement démocratiques. Un principal devrait être élu par ses pairs pour une année. Voilà ce que je pense. Il devrait avoir à rendre compte devant le conseil de son établissement, et ce conseil devait avoir le pouvoir de le décharger de sa fonction sans qu'il y ait aucune honte ni peut-être même aucun préjudice pécuniaire à la clé.<br /> Voilà ce que je pense. Si vous ne pensez pas comme moi, je le comprends. Et vous remercie encore d'avoir bien voulu intervenir ici.
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