Description de cas
Nous avions un élève qui se conduisait mal, une tête de mule. Il grandit, quitte l'école pour le collège et se conduit encore plus mal. Il a affaire à la police. Tout le quartier le sait. Lui est très sombre. Le côté sombre de sa personnalité prend toute la place. Jusqu'à ce qu'un jour, je traverse le Vieux Nice, et je l'entends qui me dit un grand bonjour en passant à côté de moi à bicyclette. Ce n'était pas une voiture volée mais une simple bicyclette, avec sous le guidon un casier comme ceux pour faire les livraisons. Je ne comprends pas tout de suite, mais deux jours plus tard je le rencontre chez un boucher où il est apprenti. Et là encore, il paraît heureux et fier de ce qu'il fait. Et le boucher, qui est un colosse, m'assure qu'il l'a à l'oeil, je crois même qu'il me dit qu'il l'emmène avec lui voir les matchs de l'OGC Nice. Enfin, quelque chose comme ça, on pourrait vérifer. L'embellie dure deux mois. Deux mois de bonheur. Il dit bonjour à tout le monde. Mais hélas, il faut que le bonheur ait une fin. On lui explique que ce n'est pas tout de faire l'apprenti. Il doit retourner à l'école. Il doit apprendre l'orthographe. Lire sans doute un peu de Molière (Molière, doux Jésus, ou pourquoi pas Diderot, le Supplément au voyage de Monsieur de Bougainville, je ne sais pas si vous connaissez). Aujourd'hui il ne va plus à l'école, et ne fait pas davantage l'apprenti. Il erre dans le quartier. Joue à cache-cache avec la police. Il ne me voit plus quand il me croise. Dieu seul sait à quoi il occupe ses nuits. Le côté obscur a repris toute la place. Mais l'école a défendu ses droits sur cet enfant. Imaginez que le public découvre qu'on est parfois mieux en apprentissage qu'à l'école. Ce serait terrible.
Etiquettes Technorati: Education-Libéralisme