American Girl in Italy

Déjeuner à La Voglia (2, rue Saint François de Paule). Annie et Faustine y étaient avant moi, il n'était pas prévu que je les rejoigne, et quand je suis arrivé elles occupaient une petite table au milieu d'une foule bruyante. Il ne paraît pas tout de suite évident que je pourrai pousser une chaise auprès d'elles. Je reste debout, légèrement bousculé, étourdi comme le sont tous les hommes dans ces cas-là, et au-dessus des têtes des convives, j'aperçois la photo American Girl in Italy qui est affichée au mur.
Je m'émeus de la découvrir en ce format (60 x 90) et en ce lieu.
Il y a bien des années qu'Annie m'a offert sa reproduction en carte-postale, et depuis j'en ai toujours conservé un ou plusieurs exemplaires dans mes boîtes de fiches. Mais, jusqu'à présent, c'était resté quelque chose de plutôt intime. Or, voici que cela qui avait trait à mon désir le plus personnel se trouvait soudain affiché au mur (au-dessus des têtes, un peu comme en lévitation) (panneau de fresque en noir et blanc où l'on voit une déesse descendue sur terre qui tourne à l'angle d'un trottoir sous les yeux des hommes).
Mais jusqu'à présent je n'avais jamais pris la peine de regarder au dos de la carte-postale, ou est-ce que j'avais oublié. Et je m'avise seulement alors que l'auteur était une femme - Ruth Orkin - et que le millésime de cette simple vue est celui de ma naissance - 1951.