Voix haute

Publié le par Christian Jacomino

Christian Bonrepaux me cite: "la lecture silencieuse n'est pas pédagogique". La formule sans doute peut paraître un peu brutale. Le jugement est pourtant fidèle à ce qu'indiquent les Documents d'application des programmes (de 2002) dans le volume consacré à la littérature en cycle 3, où on lit:

La lecture silencieuse ne peut être considérée comme un acte didactique. L'absence d'interaction entre le maître et l'élève interdit toute amélioration des compétences (p. 6).

Le Monde de l'éducation publie, en outre, en hors série, un précieux Guide du jeune professeur 2006/2007, où l'on trouve une fiche intitulée "Vrais et faux problèmes de langage". Une statistique tout d'abord: 22 % des jeunes Américains classés prédélinquants souffrent de problèmes orthophoniques. Puis le journaliste a interrogé un orthophoniste, Rémy Page. Celui-ci évoque les problèmes de prononciations, et il indique:

Contrairement à une croyance répandue, non seulement ces défauts bénins n'empêchent absolument pas l'enfant d'apprendre à lire, mais au contraire, c'est même souvent avec l'apprentissage de la lecture, la distinction explicite qu'ils doivent alors faire entre les sons, que ces enfants corrigent leurs défauts de prononciation" (p. 78).

Cette remarque touche au feed-back décisif de la lecture sur la maîtrise de la langue à l'oral. Cette dernière n'est pas (seulement) un prérequis de l'apprentissage de la lecture. Si la lecture est précieuse c'est bien aussi, c'est bien surtout parce qu'en retour elle favorise la maîtrise de la langue à l'oral. En apprenant à lire, on apprend à parler. Mais à condition bien sûr qu'on n'apprenne pas à lire seulement avec les yeux. Qu'on le fasse à voix haute. En passant par la distinction explicite des sons.

 

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Publié dans Lire en atelier

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B
j'avais bien compris - mais réaction un rien instinctive (d'une ex petite fille qui aurait plutôt lu des livres adultes que l'équivalent des Harry Potter)
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C
Chère Brigetoun, Contrairement aux apparences, je suis un fanatique de la lecture solitaire et silencieuse. Je lui ai consacré un temps incalculable. Je parle de la lecture orale comme d'une propédeutique. Certains enfants - surtout certaines petites filles - vont très vite vers les gros volumes (type Harry Potter) qu'elles dévorent en solitaires. Et elles ont bien raison. Mais l'école doit s'adapter aussi à ceux qui n'ont pas ce talent, cette facilité dite 'naturelle', en réalité acquise dans le milieu familial. La lecture orale doit être utilisée pour apprendre à (mieux) parler à ceux qui en ont besoin. Ainsi peut-être pourront-ils s'intégrer dans la vie sociale. Ainsi peut-être n'auront-ils plus envie de brûler des voitures.
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B
mais ne devrait-on pas aussi  inciter l'élève à lire seul (en plus pour ne pas se priver des bienfaits de l'oralité), silencieusement pour la répidité et le repos des familles, et prendre le risque de sa liberte ?
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