Le conte n’explique pas. Il constate, retrace, décrit. C’est même l’une de ses caractéristiques majeures. Nicole Belmont le souligne (dans Poétique du conte, 1999). Suivant et citant un article de Walter Benjamin, paru pour la première fois en 1936 et intitulé (dans sa version française) Le narrateur, elle écrit: "L’histoire racontée par le narrateur exclut toute explication. ‘L’extraordinaire, le merveilleux, on le raconte avec la plus grande précision, mais on n’impose pas au lecteur l’enchaînement psychologique des événements. On le laisse libre d’interpréter la chose comme il l’entend, et ainsi le récit est doué d’une amplitude qui fait défaut à l’information.’ Le conte, en effet, ignore, les motivations psychologiques: les aventures du héros se déroulent sans que rien ne soit dit des raisons personnelles qui le poussent à agir. Il est pris dans un engrenage d’événements, comme traversé par eux plus que les maîtrisant. Grâce à cette absence de motivations, qu’en revanche le roman propose toujours, même dans ses formes les plus elliptiques, les plus dépouillées, le conte offre un large champ de significations potentielles aux auditeurs, qui ne reçoivent pas le récit passivement : celui-ci continue son travail après avoir été entendu" (p. 12).